Étude de l'instrumentum

L’instrumentum aussi appelé « petit mobilier » correspond aux objets, complets ou fragmentaires, liés à la vie domestique, à l’artisanat, à la parure, etc. Ils peuvent être en métal, en os animal, en terre cuite, en pierre, en verre, etc.

Un archéologue est en train de nettoyer une chaussure d'époque moderne en cuir.

Nettoyage en cours d'une chaussure en cuir datée du XVIIe ou XVIIIe s. découverte lors du diagnostic de Saint-Benoit-sur-Loire au 55 rue Orléanaise en 2015.

La chaîne de traitement du mobilier archéologique

Cette spécialité peut intervenir dès la phase de terrain pour prélever des objets fragiles et faire des observations sur les conditions de découverte. L’étape suivante, au bureau est le nettoyage (à l’eau, à sec) et le séchage (à l’air libre ou en étuve) des objets selon les méthodes les plus adaptées.

Ensuite, il faut inventorier et conditionner les objets selon leur état de conservation (cf gestion conservation du mobilier ). Les artéfacts qui nécessitent une stabilisation et/ou une restauration sont envoyés en laboratoire. Les données liées à ce « petit mobilier » sont enregistrées en base informatisée. Des dessins ainsi que des clichés sont effectués notamment pour être insérés dans le rapport final d’opération.

Les objets en fer très corrodés (couverts de rouille) pour lesquels on ne peut pas du tout observer la forme originale, sont parfois passés à la radiographie à rayons X qui révèle ce qu’il reste du métal original de l’objet. Cela peut permettre d’identifier la forme et l’utilisation de l’objet et aussi de déterminer si une restauration est pertinente.

Trois photos d'une même fibule à différentes étapes d'étude et de restauration.

Artéfact corrodé découvert lors de la fouille des souterrains de Saran Portes du Loiret en 2015. La radiographie, la restauration et l'étude identifient une fibule décorée de cloisons en métal remplies de pâtes de verre colorées.

De l'objet au site archéologique

Pendant l’étude, les caractéristiques des objets découverts sur le site archéologique (matériau, forme, décor, etc.) sont comparées avec des objets issus d’autres sites étudiés et datés. On compare alors leur typologie, c’est-à-dire l’évolution de ces caractéristiques dans le temps et selon les lieux.

Par exemple, une broche de tisserand est découverte lors d’une fouille à Gien. Son étude montre qu’elle présente de très nombreux points communs avec des broches de tisserand découvertes à Saran et datée de manière certaine du IXe-XIe s. La broche de Gien peut alors être rattachée à cette datation du IXe-XIe s.

L’étude de l’instrumentum permet donc une datation relative des objets et, par extension, des vestiges archéologiques dans lesquels on les met au jour, complétée si possible par l’étude de la céramique.

L’étude apporte en outre des informations sur les aspects économiques, sociaux et culturels de l’occupation du site. Par exemple, la fonction et le domaine d’utilisation des artéfacts indiquent quelles activités sont réalisées par les populations sur le site : agriculture, artisanat, etc. Les matériaux utilisés et le soin porté aux objets apportent des informations sur le niveau de vie des habitants.

Ainsi, l’étude de l’instrumentum documente et aide à la compréhension globale du site archéologique.

Pour en savoir plus sur la chaîne opératoire autour du mobilier en archéologie, c’est par ici !

Exemple d'étude d'objets archéologiques liés au tissage.

Exemple de travail sur l'instrumentum en lien avec le textile découvert lors de la fouille de Gidy-rue du Château en 2017 : photos et dessins d'objets, travail de comparaison avec des sources bibliographiques, etc.

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