Sur le terrain

Le travail d'archéologue génère beaucoup de présupposés. Et la phase terrain d’une opération archéologique est la partie la plus visible de notre travail. Prêts à balayer les clichés ?

Un Playmobil archéologue fouille dans un faux décor de site archéologique.

Pour savoir à quoi ressemble (vraiment) notre travail sur le terrain, voici un petit reportage immersif. Depuis le décapage à l’enregistrement des données, découvrez-en un peu plus sur notre quotidien à l’extérieur.

1/Le décapage

Le décapage est l'une des premières étapes réalisées sur le terrain, en diagnostic comme en fouille (lien). Il s'agit de "décaper" le terrain, c'est-à-dire, d'enlever les premières couches pour observer les structures archéologiques potentiellement situées en dessous.

En territoire rural, on enlève la terre végétale (aussi appelée terre de culture ou terre arable). En zone urbaine, il peut s'agir de bitume, d'enrobé, de remblais récents, etc.

Ces travaux sont réalisés avec des engins de chantier, des pelles mécaniques, équipées selon les besoins d'un godet lisse, d'un godet à dents, d'un marteau-piqueur, etc.

Un archéologue surveille le décapage par pelle mécanique.

Décapage en cours lors de la fouille de Saran Portes du Loiret zone F en 2020 : l'archéologue surveille l'apparition de vestiges lors du décapage par la pelle mécanique. Les déblais sont ensuite transportés par le tombereau vers un merlon de terre.

Un archéologue surveille l'apparition des vestiges archéologique lors d'un décapage à la pelle mécanique.

Décapage en cours lors du diagnostic de Saint-Denis-de-l'Hôtel déviation RD921-tranche 3aint-Denis-de-l'Hôtel déviation RD921-tranche 4 en 2018. en 2018.

Un archéologue surveille l'apparition des vestiges archéologiques lors d'un décapage à la pelle mécanique.

Décapage en cours lors du diagnostic de Mardié déviation RD921-tranche 3 en 2018.

Décapage en cours par une pelle mécanique qui ôte la couche de bitume d'un parking.

Décapage en cours lors du diagnostic d'Orléans RVL-boulevard Marie Stuart en 2019 : la pelle mécanique enlève la couche de surface du parking, du bitume.

Des archéologues surveillent l'apparition de vestiges lors du décapage par la pelle mécanique.

Décapage à la pelle mécanique lors du diagnostic de Gidy-Cercottes A10-SRA03 en 2019 : une stagiaire INP accompagne un des archéologues du service.

Les archéologues surveillent l'apparition de vestiges lors du décapage effectué par la pelle mécanique.

Les archéologues surveillent l'apparition de vestiges lors du décapage effectué par la pelle mécanique.

Une archéologue surveille l'apparition des vestiges pendant un décapage archéologique.

Décapage archéologique en cours.

Un archéologue surveille l'apparition de vestiges lors du décapage effectué par la pelle mécanique.

Premier diagnostic du service à l'angle du boulevard Marie Stuart et de l'avenue Jean Zay à Orléans en 2009, à l'emplacement de l'actuel immeuble le Loiret.

Les archéologues surveillent l'apparition de vestiges lors du décapage effectué par la pelle mécanique.

Décapage en cours lors d'un diagnostic à Saran-l'Épineux en 2019.

Un archéologue surveille l'apparition de vestiges lors du décapage effectué par la pelle mécanique.

Décapage en cours lors d'un diagnostic à Ardon-Le Bourg en 2017.

Engins mécaniques en cours de décapage archéologique.

Engins mécaniques en cours de décapage archéologique.

Une archéologue surveille l'apparition de vestiges lors du décapage effectué par la pelle mécanique.

Décapage en cours lors du diagnostic de Bazoches-les-Gallerandes RD927-Moulin-Poussinière en 2016 : une archéologue marque l'apparition de potentiels vestiges à l'aide d'une bombe de peinture de chantier.

Un archéologue surveille l'apparition de vestiges archéologiques.

Décapage en cours lors du diagnostic archéologique de Châteauneuf-sur-Loire le Marigny en 2019.

2/La fouille

Archéologues en train de fouiller sur le terrain.

Fouille en cours à Saran Portes du Loiret-zone F en 2020 : on aperçoit une partie des outils réguliers de l'archéologue.

Un archéologue se contorsionne en bord d'une fosse pour réussir à la fouiller.

Contorsion en cours lors de la fouille de Saran Portes du Loiret-zone F en 2020 : les archéologues adoptent parfois des postures inconfortables pour réaliser la fouille de vestiges.

Archéologues en train de fouiller sur le terrain.

Fouille en cours à Saran Portes du Loiret-zone F en 2020 : on aperçoit une partie des outils réguliers de l'archéologue.

Des archéologues s'affairent à de nombreuses tâches proches les uns des autres.

Exemple de la variété des tâches réalisées par les archéologues lors de la fouille de Saran Portes du Loiret-zone F en 2020 : surveille de la pelle mécanique, fouille, démontage de sépulture, etc.

Des archéologues sont en train de fouiller des sépultures.

Archéologues en train de fouiller des sépultures.

Des archéologues sont en train de dégager des fragments de mobilier archéologique avec leur truelle.
Archéologue en train de fouiller un vestige archéologique.

Quelques outils qui entourent souvent l'archéologue : truelle, pelle à main, etc. Fouille de Saran-Portes du Loiret-Zone F en 2020.

Partie la plus visible et la plus connue de la phase de terrain, la fouille consiste en la compréhension des structures archéologiques. Ces vestiges peuvent être très variés : structures creusées (trous de poteaux d'un bâtiment, fosses, sépultures, etc.), structures d'interface (des sols d'occupation à l'intérieur d'un bâtiment, etc), structures construites en terre ou en maçonnerie de pierre (fours, murs, etc.).

Ces vestiges peuvent être simples ou complexes. Ils peuvent être isolés ou intriqués les uns avec les autres, soit parce qu'ils ont "cohabité" à la même période, soit parce qu'ils se sont succédé dans le temps, au même endroit. Certains vestiges sont en élévation et pas nécessairement enfouis dans le sous-sol.

Fouiller une structure archéologique pour la comprendre nécessite de déplacer les sédiments qui la composent, la remplissent ou encore l'entourent. L'observation au moment de la fouille est donc essentielle car, en enlevant les sédiments, on "détruit" l'information, c'est-à-dire qu'on ne pourra pas effectuer à nouveau l'action de fouiller pour chercher de nouvelles informations ou mieux les comprendre. Il faut saisir un maximum de données en temps réel.

C'est pour cette raison que tout est très documenté sur le terrain : photographies, dessins, enregistrements sur base de données.

3/La photographie de terrain

Un archéologue est en train de faire une photographie de vestige archéologique alors que deux collègues fournissent de l'ombre grâce à des parapluies.

Photographie de vestige archéologique en cours lors de la fouille de Saran Portes du Loiret-zone F en 2020 : pour une information lisible, il est préférable d'éviter les brusques changements de luminosité, donc soit en plein soleil soit à l'ombre.

Une archéologue installe les outils nécessaires pour prendre une photographie technique de vestige archéologique.

Archéologue installant les outils nécessaires à une prise de vue technique de vestige lors de la fouille de Saran Portes du Loiret-zone D en 2015 : mire, plaque photographique, etc.

Photographie de terrain en vue zénithale d'un four partiellement fouillé.

Photographie de terrain d'un four domestique du haut Moyen Âge mis au jour lors de la fouille de Gidy rue du Château en 2017. Quasi zénithale, elle illustre une étape de la fouille en quarts opposés, en donnant l'échelle et l'orientation de la structure.

Une plaque regroupant les informations importantes est placée près des vestiges archéologiques quand ils sont pris en photo pour les identifier a posteriori.

Une plaque regroupant les informations importantes est placée près des vestiges archéologiques quand ils sont pris en photo pour les identifier a posteriori.

Vue d'une coupe stratigraphique verticale dans laquelle on observe deux fossés en profil.

Coupe stratigraphique de deux fossés antiques du diagnostic de Boigny-sur-Bionne le Bourg en 2018. La photo permet d'enregistrer les observations des fossés, des sédiments qu'ils contiennent, etc. Cela complète le dessin et la description écrite.

La photographie est capitale pour enregistrer les données archéologiques sur le terrain et pour documenter le chantier de manière générale. Des photos générales permettent de garder en mémoire l'environnement de l'opération, le relief du terrain, les potentielles difficultés rencontrées (intempéries, etc.).

Ensuite, chaque structure archéologique est photographiée pour compléter la description réalisée à l'écrit.

Sur ces photographies, on retrouve plusieurs éléments :

  • une mire : ses crans blancs, noirs et rouges représentent une dimension fixe et connue qui permet de donner l'échelle de la photographie. On peut ainsi savoir d'un seul coup d'œil la taille approximative de la structure archéologique photographiée
  • une flèche : elle pointe dans la direction du nord. Cela permet de connaître l'axe dans lequel la photo a été prise et donc par extension "l'orientation" de la structure archéologique
  • une plaque : elle rappelle les éléments importants nécessaires pour identifier la photo (nom et numéro du site, année, numéro de la structure archéologique, etc.).

4/Le relevé

Une archéologue est en train de dessiner des vestiges archéologiques.

Relevé en cours d'un four de potier médiéval lors de la fouille de Saran-Porte du Loiret-Zone D en 2015. L'échelle de proportion (ici 1/20e) permet de dessiner des éléments grands (plusieurs mètres) sur un calque au format A3.

Ensemble de dessins techniques de vestiges archéologiques réalisés à la main sur un calque avec en fond un papier millimétré.

Calques contenant des dessins techniques faits à la main de structures mises au jour lors de la fouille de Saran Portes du Loiret-zone E en 2012. Le papier millimétré visible derrière le calque aide les archéologues à dessiner à l'échelle de proportion.

Une archéologue prend des mesures pour dessiner un vestige archéologique.

Relevé de vestige archéologique en cours lors de la fouille de Saran Portes du Loiret-zone F en 2020. On observe les outils nécessaires à l'archéologue : clous, fils de référence, mètre ruban ou pliant, etc.

Deux archéologues sont assis devant une coupe stratigraphique pour dessiner et comprendre les différentes couches de sédiment qui la composent.

Étude en cours d'une coupe stratigraphique lors du diagnostic de Sceaux-du-Gâtinais le Préau en 2016. Les archéologues observent les différentes couches de sédiments pour les dessiner et les décrire précisément dans l'enregistrement.

Une archéologue note des informations sur un calque contenant les dessins effectuées sur le terrain.

Archéologue complétant un relevé archéologique effectué lors de la fouille de Saran Portes du Loiret-zone F en 2020.

Vue rapprochée d'un papier calque sur lequel appraissent des dessins techniques de vestiges archéologiques.

Exemple de minute archéologique en cours d'utilisation lors de la fouille de Saran Portes du Loiret-zone F en 2020 : ce papier calque posé sur du papier millimétré sert à reporter les mesures avec une échelle de proportion, ici du 1/20e.

Une archéologue note des informations sur un calque contenant les dessins effectuées sur le terrain.

Archéologue complétant un relevé archéologique effectué lors de la fouille de Saran Portes du Loiret Zone D en 2015.

Des archéologues sont en train de dessiner des vestiges archéologiques.

Les archéologues réalisent des dessins techniques des vestiges observés.

Pour compléter les photographies, les archéologues effectuent des relevés des éléments archéologiques vus sur le terrain, comparables à du dessin technique. Cela signifie que l'on reproduit en dessin manuel les formes exactes des structures archéologiques ou encore les empilements de couches stratigraphiques.

Comment cela fonctionne-t-il ?

Un axe de référence est installé sur le terrain. Deux clous sont plantés au sol de part et d'autre de ce que l'on souhaite dessiner. Entre ces clous est tendue une ficelle qui sert d'axe de référence pour prendre les mesures. Grâce à une nivelle (petit niveau à bulle que l'on suspend au fil tendu), ces clous sont calés à la même altitude : ainsi, le fil tendu entre les deux clous sera le plus horizontal possible, ce qu'on appelle "de niveau".

Pour réaliser le relevé, on place le long du fil mis à niveau un mètre-ruban qui donne l'axe de référence, reporté sur la feuille de dessin. Ensuite, les mesures sont prises à l'aide d'un autre mètre ruban : soit horizontalement pour un plan, soit verticalement pour une coupe.

Les mesures sont reportées sur le dessin. L'échelle la plus couramment utilisée est le 1/20e. Cela signifie qu'un centimètre sur le dessin représente vingt centimètres dans la réalité. Pour des structures archéologiques plus grandes, il arrive que l'échelle utilisée soit celle du 1/50e.

L'archéologue travaille avec une planche sur laquelle est placée une feuille de papier millimétré. Un calque est superposé sur le papier millimétré. L'archéologue dessine sur le calque en utilisant les lignes du papier millimétré pour le guider dans ses mesures.

Les cas particuliers

Les relevés sur de très grandes surfaces ou largeurs peuvent nécessiter des points d'accroche plus grands que des clous pour constituer l'axe de référence : des fers à béton par exemple. Il arrive alors que l'on utilise une lunette de chantier pour mettre à niveau ces deux points, c'est-à-dire les "aligner" horizontalement.

Lorsque les éléments à relever sont imposants (mur, four, etc.), le relevé peut être réalisé en photogrammétrie. Cette technique permet l'obtention d'un relevé précis réalisé à partir d'un assemblage de photographies prises sur le terrain. Le relevé peut aussi être en 3 dimensions.

5/L'enregistrement des données

En complément d'enregistrements visuels comme les photographies et les relevés, les archéologues consignent à l'écrit les données observées sur le terrain. Ils inventorient aussi l'intégralité des actions effectuées pour la compréhension du site.

Ces informations ont été pendant longtemps notées sur un classeur de fouille avant d'être retranscrites sur la base de données numérique une fois rentrés au bureau. Aujourd'hui, nous essayons autant que possible d'enregistrer directement les données sur une tablette numérique de manière à compléter la base de données en temps réel.

Un archéologue note des informations sur un classeur de terrain.

Enregistrement de données en cours sur lors de la fouille de Saran Portes du Loiret-zone F en 2020 : le classeur de terrain contient des inventaires, des numérotations, des descriptions de prélèvements, des croquis, etc.

Un archéologue note des informations sur un classeur de terrain.

Enregistrement de données en cours lors de la fouille de Saran Portes du Loiret-zone D en 2015 : le classeur de terrain complète la tablette numérique.

Un archéologue remplit les données archéologiques sur une tablette numérique.

Enregistrement des données archéologiques de terrain sur une tablette numérique pendant la fouille de Saran Portes du Loiret-zone F en 2020. Cela permet un gain de temps en post-fouille au bureau pour la validation et les corrections de ces informations.

Un archéologue réalise l'enregistrement des données sur le terrain, cous la neige d'hiver, à l'abri d'un parapluie.

Enregistrement des données en cours pendant le diagnostic hivernal de Boisseaux-la Poste en 2019.

Une archéologue remplit les données archéologiques sur une tablette numérique.

Depuis plusieurs années, l'enregistrement des informations se fait directement dans la base de données grâce à l'utilisation d'une tablette numérique : ici, la fouille de Saran Portes du Loiret-zone F en 2020.

L'unité stratigraphique

L'enregistrement commence par la description de chaque couche archéologique, qu'on appelle unité stratigraphique (US). Pour chaque US, on consigne :

  • un numéro d'identification de cette couche
  • une description de sa morphologie géologique c'est-à-dire ce à quoi ressemble le sédiment : couleur, compacité, inclusions, etc.
  • une liste du mobilier archéologique mis au jour dans cette couche : céramique, ossements animaux, graines, etc.
  • à quelle structure archéologique la couche appartient le cas échéant
  • quelles sont ses relations avec les autres couches stratigraphiques autour d'elle : c'est la stratigraphie
  • etc.

Les inventaires de terrain

Les archéologues réalisent diverses actions sur le terrain de manière à bien comprendre le site archéologique : des sondages, des dessins techniques, etc. Chacune de ces actions est répertoriée avec un numéro qui permet de l'identifier individuellement. On peut citer par exemple :

  • chaque relevé dessiné (coupe stratigraphique)
  • chaque sondage réalisé à la pelle mécanique
  • chaque tranchée de diagnostic
  • etc.

6/Le relevé topographique

Un topographe utilise sa canne de topographie pour relever les coordonnées géographiques des vestiges.

Archéologue et topographe réalisant un relevé des vestiges lors de la fouille du Château-musée de Gien-Belvédère Ouest en 2013.

Un plan représente différents éléments du chantier de diagnostic.

Exemple de données topographiques brutes extraites du diagnostic de Bouzonville-aux-Bois la Beuve en 2020.

Des archéologues effectuent des mesures de topographie.

Relevé topographique à la lunette de chantier sur la fouille de Traînou la Giraudière en 2013. Afin de compléter les levés topographiques effectués effectués régulièrement par prestataire, les archéologues prennent parfois des mesures ponctuelles.

Une archéologue utilise une lunette de chantier pour prendre des mesures topographiques sur le terrain.

Une archéologue utilise une lunette de chantier pour prendre des mesures topographiques sur le terrain.

Plan topographique d'un diagnostic archéologique représentant les vestiges mis au jour.

Plan effectué avec le SIG : il représente l'emprise et les vestiges mis au jour lors du diagnostic de Traînou-le Vieux Moulin en 2018 ainsi que les données de deux chantiers adjacents réalisés par l'Inrap.

Plan topographique d'un diagnostic archéologique.

Plan topographique effectué avec le SIG : il représente l'emprise (la surface) du chantier et certains éléments techniques (sondages, coupes, etc.) réalisés lors du diagnostic de Traînou-le Vieux Moulin en 2018.

Parmi les actions indispensables sur le terrain se trouve le relevé topographique. Faire un relevé topographique d’un site archéologique signifie enregistrer numériquement la géographie précise des données du terrain grâce à un outil spécifique (tachéomètre ou GPS). Chaque élément est « pris en topographie », dessiné avec la canne de l’outil : les contours et les profondeurs des vestiges, des sondages effectués, l’emprise du terrain, etc.

Pour en savoir plus sur la topographie c'est par ici.

L'enregistrement topographique sert en premier lieu d'enregistrement et de conservation des données de terrain. Cependant, il s'agit aussi de la source d'informations utilisées pour aider à une compréhension globale du site, réaliser les plans et les études statistiques utiles au rapport ainsi que d'obtenir grand nombre d'interprétations possibles grâce au système d'information géographique (SIG).

Revenir en haut de page