Chronique d’une fouille en Val de Loire 🚣♀️
[Retour en images] Entre septembre et octobre 2022, une fouille de 4000 m² a été réalisée au lieu-dit Croix d’Azon. Elle a duré environ six semaines avec une équipe de cinq personnes en moyenne. Au programme : des vestiges gaulois, des aléas climatiques et quelques découvertes surprenantes.
Le contexte
Le projet d’aménagement concerne un tracé routier. L’emprise (c’est-à-dire la surface en plan que constitue le terrain à étudier) est peu large et plutôt disposée en longueur. En 2010, le diagnostic a observé une portion de l’emprise avec deux tranchées longitudinales qui ont livré quelques vestiges d’une occupation gauloise.
Les objectifs de la fouille étaient donc :
- de déterminer l’étendue en plan de l’occupation
- d’étudier l’intégralité des vestiges archéologiques qui la constituent
- de définir de quel type d’occupation il s’agit : habitation, zone agro-pastorale, espace artisanal, etc.)
- de préciser l’amplitude chronologique pendant laquelle la zone est occupée : quelles époques dans la Protohistoire ?
- d'étudier la relation entre les occupations humaines et l’évolution des bras de la Loire dans ce secteur du Val de Loire.
La fouille
Le décapage a été difficile. Le terrain était très sec et les poussières générées se sont redéposées et ont également gêné la « lecture » des sédiments.
Puis, ironiquement, les pluies orageuses ont inondé une partie du terrain nécessitant d’évacuer l’eau de certaines zones avec une pompe.
En outre, la nature des sédiments liée à la présence d’alluvions et de colluvions de Loire a représenté une difficulté. Les structures liées aux occupations humaines sont creusées dans ce terrain : fossés, trous de poteau, etc. Or, elles sont comblées avec des sédiments très proches de ceux dans lesquels elles sont installées. Il a donc fallu plusieurs « nettoyages » du terrain soit en décapant à la pelle mécanique soit à la main.
Fossés, bâtiments et fosses
Des fossés ont été mis au jour : ils créent une partition de l’espace.
De nombreux trous de poteaux ont été découverts, avec des caractéristiques et des dimensions variées. Certains forment des plans de bâtiment assez lisibles. D’autres ont une répartition moins claire de prime abord.
Il reste donc à faire une étude approfondie de la répartition de ces trous de poteaux en plan grâce au SIG (système d’information géographique) pour restituer l’ensemble des plans de bâtiments de manière certaine ou hypothétique.
Outre les bâtiments, plusieurs fosses ont été mises au jour. Pour la plupart, leur fonction reste indéterminée : zone de stockage ou de dépotoir par exemple. Les indices manquent pour trancher.
Les structures complexes
La fosse 1024
La première hypothèse d’interprétation était celle d’une structure semi-excavée recouverte d’une charpente à ossature en bois qui sert d’habitation ou d’atelier par exemple. Lors de la fouille, l’idée d’une fosse de stockage a semblé plus pertinente.
Plusieurs outils en fer ont été découverts dans le comblement de cette fosse. Leur identification reste incertaine tant que l’étude n’est pas terminée. Cependant l’un des objets semble être une pelle à feu. Cela pourrait indiquer la présence d’un foyer à proximité, voire d’un artisanat lié au feu.
Une structure de chauffe
Cette grande fosse oblongue présente des parois rubéfiées. Le début d’une voûte a été dégagé à la fouille. Le comblement était très charbonneux. Et l’une des couches du fond de la structure contenait une très grande quantité de graines carbonisées.
Il pourrait s’agir d’un foyer ou peut-être un four dans lequel s'est retrouvée piégée une très grande quantité de graines. Ces dernières ont pu être stockées à cet endroit ou placées pour séchage puis être accidentellement brûlées.
Deux puits
Ils ont été dégagés sur quelques mètres de profondeur à la pelle mécanique mais ils n’ont pas pu être fouillés intégralement. Nous avons toutefois observé leur forme en plan, leur margelle et le début de leur profil.
La suite du programme
La phase de post-fouille et l’étude des données de terrain commencent en cette fin d’année.
Plusieurs études vont être réalisées : céramique, silex taillés, analyses de prélèvements, etc. L’ensemble des structures archéologiques vont être analysées, décrites, comparées à d’autres sites, etc.
L’objectif de ce travail est d’en tirer un maximum d’hypothèses sur les occupations humaines du site à travers le temps. L'ensemble de ce travail sera publié dans le rapport final d'opération, synthèse du travail de compréhension du site.
Nous organiserons ensuite dès que possible des actions de valorisation abordant cette fouille afin de vous communiquer un maximum d'informations archéologiques la concernant.