Journal de bord (partie 2) : on passe aux choses sérieuses ! 💪
Après une semaine d’immersion en service d’archéologie, notre stagiaire Armand est entré dans le vif du sujet, le travail au quotidien des chargés de valorisation. Extraits de son journal de bord. Partie 2 : la deuxième semaine.
Jour 6
En vue de la réunion d’équipe pour préparer les Journées Européennes d’Archéologie (JEA), je regroupe les questions à aborder :
- Savoir quel matériel emporter : pour s’installer, avec les stands : tables, chapiteaux… ; panneaux (kakémonos) à disposer ; supports pédagogiques, etc.
- Connaître l’emplacement prévu pour les JEA : voir avec le partenaire principal organisateur le Belvédère-Val de Sully.
- Préparer le transport : quels véhicules ? quel rangement ?
- Prévoir l’équipe : qui vient quel jour ? comment organiser sur le contenu des présentations ? questions éventuelles des visiteurs
- Détailler les horaires : départ, animations, pauses, fin.
- Quels autres partenaires seront présents ? Fédération Historique et Archéologique du Loiret (FAHL), troupes de reconstitution, etc.
Suite des entretiens répartis pendant tout le stage avec Isabelle, chargée de gestion administrative et financière. Discussion enrichissante, du point de vue du parcours d’Isabelle, qui a construit sa carrière de manière progressive et régulière, par le biais des concours en interne. Acquisition de compétences sur le fonctionnement interne d’une collectivité territoriale. Gestion administrative sur le commencement des travaux, diagnostics… et surtout financière avec les dépenses (commandes…), recettes (prestations…), salaires. Rôle également dans la formation interne sur certaine compétence.
Entretien avec Coline (céramologue médiéviste). Elle est également régisseuse des collections archéologiques (avant leur versement au Service Régional de l'Archéologie) : cette responsabilité lui a été confiée au cours de sa carrière. Il s’agit de garantir la bonne conservation des vestiges, selon leur matière, ainsi que leur rangement et stockage dans l’entrepôt. Cela fait un lien avec son appétence pour le domaine des archives.
Jour 7
Entretien avec Dany (responsable d’opération). Malgré sa spécialité en Protohistoire, il se présente comme assez généraliste [en raison d’une forte expérience en diagnostic, ndlr]. Il est à l’initiative de la formation pour le pilotage de drone au sein du service, dont il est donc le référent auprès de l’aviation civile.
Il était intéressant de l’entendre sur le rôle positif des innovations technologiques sur la discipline archéologique, une science humaine qui doit néanmoins utiliser les techniques issues des sciences « dures ».
Entretien avec Jean-Michel, responsable du service. Après du bénévolat sur des chantiers de fouille, (durant les étés, puis durant ses études en archéologie), il a débuté à une époque où le métier d’archéologue n’était pas tel qu’il existe aujourd’hui. À la fin des années 1980, la grande majorité des archéologues travaillaient à l’AFAN (Association pour les Fouilles Archéologiques Nationales, ancêtre de l’Inrap).
Jean-Michel a ensuite travaillé à l’Inrap, à une période où la profession s’est fortement développée et s’est vue dotée d’un statut. Lors de la création d’un service d’archéologie préventive au Département du Loiret, en 2008, Jean-Michel en a pris la direction.
J’ai découvert qu’en France, il n’existe qu’une soixantaine de services d’archéologie préventive au sein des collectivités territoriales, quelles qu’elles soient.
Il a également été intéressant de l’entendre sur sa fonction de responsable, qui l’amène à proposer un budget pour les actions du service, en relation avec sa hiérarchie. Il peut aussi donner conseil aux élus pour l’aménagement du territoire, grâce à l’expertise du service.
Jour 8
Matinée dédiée à un rendez-vous à l’Hôtel du Département avec une chargée de communication du Loiret, pour discuter de l’exposition d’archéologie qui aura lieu à Saran en 2025. Questions par rapport aux supports de communication pour diffuser l’information de l’ouverture de l’expo, par le biais d’affiches dans l’espace public, de « signalisation » sur site. D’autres sujets sont aussi abordés : création de livrets de visite avec des questions concrètes (nombre d’exemplaires, taille…).
Les entretiens se poursuivent avec Karine, responsable d’opération en Protohistoire. La polyvalence, dans les spécialités et les postes, semble être une nécessité dans le métier : le parcours de Karine en témoigne particulièrement. Parmi les sujets abordés, la présence gauloise (peuple des Carnutes) dans la région qui favorise la découverte de vestiges de cette époque, comme par exemple à Sandillon [chantier de fouille de Croix d’Azon sud – RD921 de 2022, en cours de post-fouille, ndlr].
Jour 9
Fin des entretiens avec Yannick (responsable d’opération pour la période médiévale et spécialiste de l’instrumentum) et Clara (spécialiste du petit mobilier métallique médiéval).
Discussion autour de l’instrumentum/petit mobilier : objets métalliques principalement, verre, pesons en terre cuite, etc. Les matières organiques (bois, cuir…) ne se conservent pas bien dans la région, à l’inverse des zones plus humides.
L’importante fouille de Sandillon [chantier de fouille de Croix d’Azon Nord– RD921 de 2023/2024, nldr], avec beaucoup de vestiges médiévaux (et parfois antiques) sur lesquels ils travaillent, traduit une occupation quasi-continue du territoire. Plusieurs types de vestiges montrent un habitat rural : fermes, maisons d’habitation, fours. Parfois, la post-fouille nécessite de faire appel à des spécialistes : carpologie, anthracologie.
Réflexions d’ordre général. L’archéologue alterne entre des phases de terrain, où il est soumis aux conditions climatiques et aux efforts physiques parfois difficiles, et des phases de post-fouille, où il effectue des tâches de bureau. La professionnalisation de l’archéologie étant assez récente (une vingtaine d’années), la pénibilité n’est pas forcément prise en compte.
Cependant, la variété des actions de l’archéologue, particulièrement inhérente aux services des collectivités est souvent appréciée par les archéologues du service.
Jour 10
Journées Européennes de l'Archéologie à Neuvy-en-Sullias avec la rencontre en direct du public.